Dans l’effervescence provoquée par l’annonce des dispositions de l’IFI, l’actualité de la surtaxation de l’or physique est presque passée inaperçue, excepté pour les premiers concernés. Cette surtaxation est en fait justifiée par une mauvaise perception de la réalité par le gouvernement, qui voit l’exclusion de l’or physique du calcul de l’impôt comme une mesure faisant la part belle aux plus aisés.
Or, dans les faits il n’en est rien, en témoignent les chiffres d’une étude OpinionWay. Ainsi, parmi les 16% de Français détenteurs d’or physique, le segment de population à arriver en tête n’est autre que les 25-34 ans, loin d’être aussi fortunés que l’amendement en question voudrait laisser entendre.
Viennent ensuite les 65 ans et plus mais plus intéressant encore est cette proportion de 80% des détenteurs qui en aurait en fait, fait l’acquisition par le biais d’un héritage ou d’une donation intra familiale. Pour ceux qui en ont fait acquisition, ils sont 73% à le conserver depuis 10 ans ou plus. Il est déplorable de constater que les deux couches de la population les plus impactées par cet amendement sont loin d’être représentatives des 350 000 Français imposables à l’ISF, enfin l’IFI.
Un amendement éloigné de la réalité
En outre, les couches sociales citées et concernées par cette surtaxation n’acquièrent pas de l’or dans une logique spéculative mais afin de mettre leur épargne à l’abri des vicissitudes de l’économie et du système bancaire. Là encore, on est loin des CSP+, le métal jaune est perçu comme une assurance anti-crise voire pour certains, comme un dernier recours ou l’assurance d’un nouveau projet.
Rappelons que la taxe sur les métaux précieux avait déjà été augmentée en 2014 pour passer de 7,5% à 10%, soit 10,5% si l’on y inclut la CRDS. Dans le cas où l’amendement voté mercredi est effectivement adopté, celle-ci passera à 11%, soit 11,5% après ajout de la CRDS. La taxe sur les plus-values passera quant à elle de 34,5% à 36,2% au 1er janvier, du fait de la hausse de la CSG. Certains investisseurs et petits épargnants pourraient y voir la goutte d’eau qui fait déborder le vase et se rendre à l’étranger à la recherche d’une fiscalité plus avantageuse.
Enfin, ajoutons que cette mesure contre laquelle beaucoup de voix s’élèvent déjà rapporterait entre 70 et 75 millions d’euros par an. Pris en comparaison des 3,2 milliards d’euros qui échapperont dorénavant au gouvernement à cause de la requalification de l’ISF en IFI, cela semble dérisoire. On peut donc s’interroger sur la légitimité de cette surtaxation.