Cette semaine, nous vous proposons de nous tourner vers le monnayage médiéval et plus particulièrement sur le Gros Tournois.
Depuis l’époque carolingienne (VIIIe-Xe siècle), seuls les deniers et oboles en argent circulent. Avec la reprise des échanges commerciaux européens au XIIe-XIIIe siècle, les marchands ont besoin d’espèces monétaires plus lourdes que les deniers et les oboles alors en circulation pour pouvoir payer leurs transactions. C’est dans ce contexte que Louis IX frappe à partir de 1266 une nouvelle espèce en argent, le Gros Tournois. Sa frappe intervient d’ailleurs quelques années après la création par la ville de Florence en Italie du Florin, première pièce en or frappée depuis des siècles, témoin de la vigueur de la reprise économique européenne.
Le Gros Tournois devient rapidement une monnaie très populaire au moyen âge. La pièce fut produite et utilisée en très grande quantité, de Louis IX jusqu’à Charles V. Le succès de cette pièce fut tel que des seigneurs laïcs, des évêques ou même des abbayes vont frapper des imitations du Gros Tournois français. En dehors de France la pièce sera aussi imitée, comme en Flandre par exemple.
D’un point de vue stylistique, le Gros Tournois reprend l’aspect du denier tournois, alors en circulation et largement répandu dans les échanges économiques depuis le début du Xe siècle. On y voit au droit une croix et au revers le chatel tournois. Le denier tournois est aussi imité dans des régions influencées par les différentes croisades.
La légende du revers reprend le nom du roi (LVDOVICVS REX) tandis que le revers reprend le nom de l’atelier de Tours (TVRONVS CIVIS). Ces deux légendes sont formées de douze lettres chacune. De même, la légende extérieure est composée de 12 fleurs de lys. Ce qui peut faire référence à la valeur de la monnaie sous Louis IX, c’est-à-dire 12 deniers tournois.
L’héritage de Louis IX restera important dans la numismatique française et malgré les difficultés économiques des règnes suivants, les rois chercheront toujours à revenir à la « bonne monnaie de Saint-Louis ».
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Par David Knoblauch
Depuis plus de 10 ans, David Knoblauch exerce son métier de numismate au sein de diverses enseignes prestigieuses en passant par Paris, Grenoble et Annecy. Il se spécialise en obtenant un Master de Numismatique Médiévale à l’École Pratique des Hautes Études à la Sorbonne, sous la direction de Marc Bompaire. Il exerce actuellement à l'agence principale Godot&Fils située au 26 rue Vivienne 75002 Paris. En 2021, il devient expert auprès de la CEA (Compagnie d'Expertise en Antiquités et Objets d'Arts) et membre de la CEDEA (Confédération Européenne des Experts d'Art).