L’exploitation abusive des mines africaines d'or
Les statistiques affirment que les firmes multinationales occidentales exploitent près de 80% des gisements présents en Afrique. Cela représente une grande part de la production mondiale. Cependant, le pays a de plus en plus de mal à maintenir un niveau satisfaisant de production. Certes, de nouveaux gisements font leur apparition mais il n’en est pas moins que la production décline au fil du temps. En fait, les infrastructures vieillissantes, l’ancienneté des mines, les problèmes d’approvisionnement en électricité ou encore l’évolution des rapports sociaux rendent l’exploitation plus difficile et le coût de production plus élevé. Le déficit de production de l’Afrique, qui ne réalise plus désormais que 1000 à 1500 tonnes par an au lieu de 2000 à 2500 tonnes, entraînera à moyen comme à long terme une explosion des cours de l’or dans le monde.
Un autre problème semble être très présent en Afrique en ce qui concerne l’or et qui a un impact sur le prix de l’or. Il s’agit de la difficulté de contrôler l’origine de l’or. En effet, ce métal précieux peut être fondu et refondu encore et encore. Le manque de moyens de contrôle, la porosité des frontières, le caractère instable de certains régimes et la corruption ambiante entraînent ainsi l’exfiltration près de 50 tonnes d’or produit par les réseaux de contrebande. Ces derniers alimentent de l'or les marchés américains, européens et asiatiques. Ils parviennent souvent à détourner une grande part de la production d’or de l’Afrique du Sud. Ce qui représente un manque à gagner considérable pour le continent africain. C’était le cas, par exemple en 1996, lorsque le gouvernement de Pretoria voulait récupérer plus de 7 tonnes d’or en Suisse, lesquels ont été transportés de manière clandestine vers une entreprise de raffinage. Pour toutes ces raisons et bien que l’Afrique produit une quantité considérable d’or, le continent reste pauvre.
Les sites aurifères sont exploités de manière abusive par les multinationales, sans grande contrepartie pour la communauté locale. Certes, il y a eu des réformes des codes miniers dans la plupart des pays producteurs vers les années 80. Cependant, celles-ci ont été réalisées sous la pression des grandes institutions financières comme la Banque Mondiale ou le FMI et elles tendent à privilégier les compagnies d’extraction originaires des pays étrangers plutôt que les États africains. Elles n’avantagent aucunement les petites sociétés minières locales et encore moins les mineurs artisanaux. Ces derniers doivent même avoir un permis d’exploitation avant de pouvoir travailler dans les mines de l’Afrique. A titre d’exemple, le Mali est devenu un des plus grands exportateurs d’or en Afrique, derrière le Ghana et l’Afrique du Sud et ce, seulement en 10 ans. Ses exportations ont dépassé les 55 tonnes en 2006, ce qui représente le triple des quantités d’auparavant. Et pourtant selon les statistiques des Nations Unies, l’indice de développement humain du Mali pour cette même année est tombé très bas. Le pays figurait même parmi les trois États les plus pauvres au monde. Il s’agit là de deux situations contradictoires, causées essentiellement par une redistribution des richesses mal effectuées.